Mon premier poste en tant que radioamateur a été un Quansheng UV-K5, les joies de la FM. Ensuite le QMX+ pour les modes numériques. Mais le DMR me faisait du pied, alors j’ai acheté un tank.

Il y a moins de choix de postes pour la digital voice que pour la FM, et j’avais trois contraintes, enfin quatre avec le prix !

  • Quelque-chose de portatif et solide. En effet je n’ai pas de shack et je bouge beaucoup. Et je voulais un deuxième talkie-walkie pour des activités non-radioamateurs.

  • Un récepteur GNSS (GPS pour les boomers) pour plusieurs raisons.

  • Un firmware opensource. Parce que j’aime expérimenter et que le libre c’est la vie. Pas de mode propriétaire. Donc pas de poste japonais.

  • Et enfin pas trop cher (mais bon si on ne tape pas dans les postes japonais c’est facile 😅)

Eh bien il ne reste plus que les postes mobiles compatibles avec M17 et OpenGD77 ! Ce qui donne les références du types GD-77 et TYT MD-UV380 et ses variantes (les deux sont vendus sous plusieurs marques et plusieurs variantes). On ajoute la contrainte du récepteur GNSS et du weatherproofing et il ne reste que le TYT MD-UV390 (déclinaison robuste du 380) avec l’option GPS et 10W au lieu de 5 tant qu’à faire.

J’ai trouvé mon bonheur sur AE (lien affilié).

J’ai reçu un carton qui contenait le poste lui-même avec sa batterie, deux antennes (une courte et une longue), un socle de recharge, une lanière que je n’ai pas installée, et un manuel que je n’ai pas lu. L’appareil respire la solidité mais je n’ai pas encore tenté l’immersion ! Il est très gros et lourd selon mon standard. En volume sa batterie est presque aussi grosse que le UV-K5 en entier sans ses protubérances.

On parle d’un poste professionnel détourné pour l’usage radioamateur, donc pas de torche, pas de réception broadcast FM, pas de Snake ou Arkanoid. C’est un appareil qui sert sur les chantiers, les musées et les stades, pas un appareil grand public comme le Quansheng.

On peut recharger la batterie sans passer par le socle car elle comporte une prise USB-C.

Ma première mission a été de changer le firmware d’origine pour OpenGD77. Et là, c’est le drame. Et voilà pourquoi:

Je n’ai pas voulu acheter le câble USB de programmation parce que j’ai cru naïvement que le câble que j’avais reçu avec le Quansheng allait faire l’affaire. Que nenni. J’ai ensuite essayé un AIOC qui fonctionne parfaitement comme câble de programmation sur le Quansheng lui aussi, toujours pas. J’ai commencé à me faire des films sur le fait que mon poste était disfonctionnel, ou fake, ou…

En fait il se trouve que même si pour programmer le poste on utilise les deux prises coaxiales latérales, ce n’est pas le même protocole que pour les radios du type Baofeng ! En fait il n’y a même pas de protocole du tout, c’est vraiment rustique: les deux lignes data d’un câble USB sont directement accessibles à travers les deux prises sans autre forme de procès 😱

J’ai donc récupéré un bout de câble USB, deux jack audio de 3,5 mm et 2,5 mm, et de la gaine thermo-rétractable. Je n’ai pas retrouvé le schema que j’ai utilisé pour le faire, mais d’après mes notes, ça donne ça:

USBPrise 2,5 mmPrise 3,5 mm
Massemasse
D+pointe
D+anneau
Et voilà un joli câble maison !

Et voilà un joli câble maison !

Installation de OpenGD77

C’est assez bien expliqué sur Internet. Le seul problème pour moi et j’y reviendrai après: Il faut une machine sous Windows.

  • Étape optionnelle: Il est conseillé d’installer le logiciel de gestion officiel (puisque livré, l’appareil a un firmware officiel) pour faire une sauvegarde cu contenu du poste, c’est à dire le firmware et surtout les données de calibration. Mais ce n’est pas nécessaire.

  • Installer le logiciel de gestion de codeplugs qui sert aussi à installer les firmwares OpenGD77 (le CPS).

  • Utiliser le CPS pour installer le firmware OpenGD77. C’est intéressant parce que comme le code informatique du codec DMR n’est pas libre, il faut injecter une partie du code binaire d’un firmware officiel pendant l’installation du firmware libre (du coup, et c’est dommage, le poste contient malheureusement du code non libre même si openGD77 est libre).

  • Et voilà. Maintenant avec le même CPS, on peut programmer le poste.

Je dois lancer une machine virtuelle Windows pour utiliser le CPS, et c’est vraiment pénible ! Le logiciel se lance dans Wine mais ne vois pas le port série du poste. J’ai tout essayé, j’ai utilisé Bottles, d’autres utilitaires Wine, utilisé Regedit, tapé dans dosdevices à la main, rien n’y fait ça ne fonctionne pas. Je me console en me disant que je ne suis pas un cas isolé. Si vous savez faire, écrivez un commentaire à cet article.

Programmation du poste

C’est vraiment la partie pas marrante, et il y a des trucs à comprendre. À la différence de ce que je connais ave le Quansheng qui se programme facilement avec CHIRP, en gros un tableau dans lequel on met les fréquences avec leurs noms, avec éventuellement les décalages et fréquences de déclenchement pour les relais, la puissance, la largeur de bande, ici il y a plusieurs tables liées entre elles pour les contacts, les relais et les groupes de relais, et d’autres trucs encore je n’ai pas fait tout le tour.

Il y a aussi la possibilité de télécharger directement depuis Internet les données de passage de satellites, pas encore utilisé non plus.

En France le gros réseau DMR pour les radioamateurs s’appelle Brandmeister (c’est un réseau mondial) donc il y a un intéret à télécharger les listes déjà préparées pour ce réseau.

Au passage, DMR = numérique évolué donc il faut demander un identifiant personnel à une entité qui heureusement est reconnue par un peu tout le monde dans le milieu: RadioID.net, et la mettre dans le poste.

Pourquoi je voulais un récepteur GNSS ?

  • Parce que quand on importe la liste des relais dans le poste on peut mettre leur géolocalisation, et c’est super pratique parce que sur le terrain, on sélectionne un relais et l’écran affiche sa distance par rapport à nous, on peut même trier un liste par distance.

  • Parce que OpenGD77 sait envoyer des trames APRS (en FM) avec la position courante, et même faire du SmartBeaconing.

  • Quand on utilise le module de suivi de satellite, tout est calculé par rapport à notre position géographique.

  • L’écran du moniteur de réception GNSS nous indique notre position au format Maidenhead Locator, et c’et vraiment pratique, pas beson de sortir le smartphone pour savoir où l’on est dans la grille.

Les trucs à améliorer

  • l’APRS n’est utilisable que en émission, pas en réception, pour une raison toute bête: l’audio en réception n’est pas routée vers le CPU qui ne peut pas analyser le signal une fois démodulé. À prior ce n’est pas compliqué de braser une ligne entre l’arrivée audio et une broche d’un convertisseur analogique-numérique du CPU, j’ai vu ça dans la documentation du projet OpenRTX (M17) donc peut-être qu’une version future de OpenGD77 pourra prendre en compte la réception APRS avec cette petite modification matérielle.

  • Autre limitation matérielle, il n’y a pas de double réception simultanée (pas de double VFO comme disent les gens), un truc plutôt intéressant à avoir généralement. Tant pis.

  • Pas (encore) de messagerie textuelle en DMR, si j’ai bien compris le protocole n’est pas documenté ou libre. Domaj.

Le projet OpenGD77

Contrairement à la majorité des projets libres, OpenGD77 n’a pas de forge publique, et l’équipe de développement passe par un forum pour communiquer avec les utilisateurs et distribuer les fichiers.

Problème: le forum est fermé depuis quelques mois ! Il y a une version statique incomplète à la place, avec les liens internes cassés, mais on n’a plus trop de nouvelles de l’avancement et il me parait difficile de faire part de ses problèmes.

opengd77.com

Les téléchargements sont toujours accessibles ici:
opengd77.com/downloads/MDUV380_DM1701/Firmware